Parmi les sources de perturbations du système digestif, on parle souvent des intolérances alimentaires ou d’hypersensibilité alimentaire.

Une intolérance alimentaire est une réaction excessive et souvent inappropriée du système immunitaire face aux aliments ingérés.

Petite explication : dans la majorité des cas, les aliments que nous mangeons sont digérés, et les nutriments libérés sont assimilés progressivement tout au long de leur progression dans l’intestin grêle. Et cela se passe généralement sans problème, parce que dès notre naissance, nos intestins ont mis en place des systèmes efficaces de tri et de reconnaissance de ce qui est « ami » (les aliments digérés et notre flore intestinale protectrice par exemple) de ce qui ne l’est pas. Par exemple, si des bactéries pathogènes venaient à être trop nombreuses et/ou trop agressives, voire passaient la barrière intestinale, c’est le système immunitaire, situé en première ligne derrière la muqueuse, qui va s’activer pour essayer de contenir les agresseurs.

Il en est de même pour des aliments incomplètement digérés, et en particulier les protéines : les fragments d’aliments ou de protéines sont reconnues comme une agression. Ils se comportent comme des antigènes qui vont provoquer une activation du système immunitaire accompagnée d’inflammation… et l’apparition de symptômes plus ou moins invalidants : des symptômes digestifs (douleurs digestives, diarrhée, constipation ou alternance des deux…, intestin irritable) et/ou extra-digestifs (douleurs articulaires, problèmes ORL à répétition…). La plupart du temps, cette stimulation immunitaire va s’accompagner de la production d’anticorps spécifiques du ou des aliments en cause.

Intolérances alimentaires et hyperperméabilité intestinale

Le passage des aliments (mais également des bactéries et des toxines) se produit essentiellement lorsque la muqueuse intestinale est fragilisée et ne joue plus correctement son rôle de filtre. C’est ce qu’on appelle une hyperperméabilté intestinale : l’intestin, qui normalement est une frontière infranchissable, perd de son étanchéité et laisse passer tout et n’importe quoi : aliments, bactéries, toxines.

hyperperméabilité intestinale

Source : Pileje.fr

En réaction au passage des molécules indésirables, certains lymphocytes (les lymphocytes B) vont produire des anticorps de type IgG. On peut mesurer la présence de ces anticorps par des tests sanguins par des laboratoires spécialisés. On peut rechercher soit un nombre restreint d’anticorps (20 à 30 en général) pour un screening de base, soit un panel plus large et plus complet (50 à plus de200) lorsque l’état du patient le justifie. Et dans ce domaine, le « plus » n’est pas forcément le « mieux », car on risque vite d’être submergé par des résultats difficiles à interpréter et surtout par la mise en place d’un régime très restrictif.

Donc, même si ces bilans, non remboursés, sont libres d’accès sans prescription médicale, je vous conseille de vous renseigner auprès d’un professionnel formé à l’interprétation de ces bilans pour éviter des dépenses inutiles, et vous aider dans votre prise en charge. Car dans cette situation, s’il est souvent nécessaire de retirer provisoirement les aliments auxquels on est réactif, il est aussi important de restaurer l’intégrité de la muqueuse intestinale et de s’attaquer aux causes qui ont conduit à cette situation, sans quoi l’éviction alimentaire résoudra partiellement ou temporairement le problème.

Pire, on prend le risque de développer des intolérances aux aliments nouvellement consommés (soja par exemple).

Donc, bien souvent, les intolérances alimentaires sont le reflet d’une muqueuse intestinale altérée. Les causes de cette hyperperméabilité intestinale sont nombreuses et malheureusement non exclusives :

    • Manque d’enzymes digestives (avec l’âge, mais aussi suiteà certaines pathologies, ou même au stress)
    • Mauvaises habitudes alimentaires (manque de mastication, séance de sport réalisée systématiquement après un repas, hydratation insuffisante…)
    • Certaines maladies
    • Stress
    • Infections digestives récurrentes, infections à Candida albicans…
    • Prise répétée des certains médicaments : antibiotiques, d’anti-infammatoires, d’IPP (inhibiteurs de la pompe à protons… genre oméprazole ou Inipompe…).
perméabilité intestinale

Source : Copmed

Quelle qu’en soit la cause, l’entrée massive de ces molécules provoque en général un dérèglement important du système immunitaire (« Trop d’information tue l’information »), qui peut conduire à l’apparition de pathologies auto-immunes1.

A noter que l’hyperperméabilité sera d’autant plus marquée, que le patient présente des carences en vitamines, minéraux, acides gras essentiels, anti-oxydants, nécessaires à une bonne santé de la muqueuse digestive.

Protéines de lait et gluten, mais pas que...

On voit que le problème à la base des intolérances alimentaires n’est pas vraiment « l’aliment » en soi, mais les intestins qui ont perdu leur rôle de « barrière ». Mais une fois que la brèche est ouverte, le passage des aliments va entretenir le processus inflammatoire et les perturbations du système immunitaire. C’est un processus qui est amené à empirer, sauf si on y met fin en excluant les aliments problématiques et en réparant la muqueuse.

On devient intolérant à ce que l’on consomme souvent et/ou ce à quoi notre système immunitaire est particulièrement réactif….

Tout aliment est potentiellement antigénique, certains le sont plus que d’autres. D’une part à cause de leur fréquence dans notre alimentation, mais aussi pour des raisons plus spécifiques à la nature même de ces protéines, qui comportent souvent des fragments très antigéniques. En effet, toutes les protéines alimentaires peuvent stimuler le système immunitaire, mais le gluten (protéine du blé), les protéines de lait (beta-lactoglobuline et caséines), mais également l’œuf provoquent souvent des réactions immunitaires importantes.

Une particularité de ces protéines est leur résistance à la digestion, due à la présence de séquences en acides aminés riches en proline. Cet acide aminé est rare, et nos enzymes digestives ont beaucoup de mal à hydrolyser les liaisons peptidiques adjacentes. La digestion incomplète du gluten et des caséines libère des fragments dont la composition et la structure sont proches de celles de composés opoïdes. On les appelle gluteomorphines pour le gluten et casomorphines pour les caséines. Ces molécules ont une certaine toxicité pour la muqueuse intestinale, perturbent le système immunitaire et sont susceptibles de déclencher des cascades inflammatoires impliquées dans le développement de maladies autoimmunes.

 

1 Plus d’infos : www.seignalet.fr

2 Plus d’infos : caséine