Zinc et immunité antivirale

Zinc

Le zinc est l’oligoélément le plus important de l’organisme après le fer. Principalement concentré à l’intérieur des cellules, il est impliqué dans de nombreuses fonctions métaboliques, en particulier comme co-facteur enzymatique et dans plus de 700 facteurs de transcription.

Cette prépondérance du zinc dans le fonctionnement cellulaire explique pourquoi les déficits en zinc peuvent se manifester par des symptômes très variés et peu spécifiques, pouvant facilement être attribués à d’autres carences ou problématiques de santé : fatigue, infections à répétition, problèmes de peau, perte d’appétit, retard de croissance, perte de cheveux…

Rôles du zinc

Le zinc a de nombreux rôles dans l’organisme :

      •  Il intervient dans l’efficacité de la réponse immunitaire
      •  Il est nécessaire aux processus de croissance cellulaire (participe à la synthèse de l’ADN et de l’ARN)
      •  Il est nécessaire aux fonctions cérébrales et de reproduction, au fonctionnement thyroïdien
      •  Il a un rôle dans la modulation de l’humeur et dans l’apprentissage,
      •  Il a un rôle dans la vision, dans la perception du goût et de l’odorat.
      •  Il intervient dans le processus de la coagulation sanguine, ainsi que dans le métabolisme de l’insuline.

Zinc et immunité

Beaucoup de travaux scientifiques réalisés au cours des 50 dernières années ont montré que le zinc était un oligoélément important pour lutter contre les infections bactériennes et virales, y compris les virus de la grippe et les coronavirus.

Le zinc fonctionne comme un modulateur de la réponse immunitaire.

Il agit à deux niveaux :

      • Il renforce la réponse immunitaire (innée et acquise) via l’activation et la maturation des lymphocytes B et T
      • Il empêche la réplication virale et réduit les symptômes liés à l’infection (réduction de la durée et de l’intensité des symptômes du rhume).

La plupart de ces études ont été effectuées in vitro, mais un article de synthèse datant de 2019 semble confirmer l’intérêt du zinc pour prévenir l’infection, mais également pour contrôler le développement de nombreux virus chez l’homme.

Le zinc empêche une réaction inflammatoire excessive

Wong et al. (2015) ont montré qu’un déficit en zinc induit une augmentation de la réponse inflammatoire dans les cellules. Le déficit en zinc provoque en effet une activation insuffisante des cellules immunitaires et un dérèglement d’une cytokine (l’interleukine-6), une protéine qui affecte l’inflammation dans la cellule. Les interférons lambda et gamma (IFN-l, IFN-g) sont également des cytokines pro-inflammatoires importantes impliquées dans les infections virales aigues et chroniques. Le zinc est un inhibiteur de ces molécules pro-inflammatoires, et à ce titre, il pourrait être un soutien micro nutritionnel efficace pour limiter l’orage cytokinique caractéristique du Covid19.

Les signes évocateurs de carence en zinc sont :

  • une dysgeusie, puis une agueusie, c’est-à-dire une perte du goût, car le zinc intervient dans la synthèse de la gustine, une protéine indispensable à la perception du goût ;
  • une anosmie, perte de l’odorat.

Or ces signes sont, selon certaines études, les premiers signes d’une infection par le coronavirus. Il est donc probable que la sur-sollicitation immunitaire entraîne une majoration des carences en zinc, engendrant ces symptômes chez certains sujets.

Avoir des apports corrects en zinc est donc essentiel pour lutter efficacement contre une infection virale, surtout lorsque le risque infectieux est élevé comme avec le Covid19. Or, les déficits en zinc sont très répandus. On estime que 20% de la population mondiale est carencé, et dans les pays industrialisés, les personnes les plus touchées sont :

      • les personnes âgées
      • les personnes ayant des maladies chroniques (infection HIV, hépatites…)
      • les personnes souffrant de maladies inflammatoires de l’intestin
      • les végétariens et les personnes végans.

Les aliments riches en fibres et en acide phytique (phytates) ainsi que certains médicaments peuvent également perturber l’assimilation du zinc.

Les aliments riches en Zinc

En général, on assimile de 15 % à 40 % du zinc présent dans les aliments. Les aliments d’origine animale sont les plus riches en zinc. L’huître est l’aliment qui en contient le plus, mais la plupart des viandes et des noix en renferment des quantités intéressantes.

Les végétariens et les végétaliens, qui ne consomment pas de produits animaux, ont plus de difficultés à satisfaire leurs besoins en zinc, et ils devraient régulièrement vérifier que leur statut en zinc est correct par un bilan sanguin. Car même si les légumineuses et les céréales entières fournissent du zinc en quantité appréciable, la présence d’acide phytique (phytates) limite sa biodisponibilité.

Les compléments à base de Zinc

Les apports nutritionnels recommandés en zinc pour les adultes sont compris entre 8 et 11 mg/jour. Ils sont un peu plus élevés chez les femmes enceintes et allaitantes (11-13 mg/jour). Mais dans une situation de risque infectieux augmenté, une complémentation en zinc peut être utile pour deux raisons :

      • soit pour renforcer l’immunité des personnes qui sont déficitaires, et améliorer leur réponse à une infection virale
      • soit pour inhiber la réplication du virus, même chez les personnes qui ne manquent pas de zinc, surtout si on prend soin de démarrer la complémentation dès les premiers symptômes.

L’efficacité de la complémentation en zinc dépend de sa forme chimique et de la formulation. En effet, le zinc est généralement vendu sous forme de sels plus ou moins capables de libérer du zinc sous forme ionique. Le gluconate de zinc par exemple, libère de grandes quantités de zinc ionique, alors que l’aspartate de zinc n’en libère pas. Le gluconate de zinc et l’acétate de zinc sont à ce titre les formes les plus efficaces.

La présence de certains édulcorants altère également l’assimilation du zinc, et il est préférable, le cas échéant, de choisir des formules contenant du dextrose, du saccharose ou du mannitol et d’éviter les autres édulcorants.

Dans les pays anglo-saxons, on trouve principalement des pastilles de zinc à sucer. En France, on trouve plus facilement des comprimés de gluconate de zinc à 15 mg. Dans les études sur les infections respiratoires, les doses efficaces étaient comprises entre 15 et 45 mg / jour (des doses aussi fortes que 75 à 100 mg par jour ont été parfois utilisées), mais il est préférable de ne pas dépasser 30 mg / jour car un excès de zinc peut réduire l’assimilation du cuivre, qui est aussi indispensable à l’immunité.

En cas d’infection virale, il est recommandé de commencer la complémentation dans les 24 h suivant les premiers signes de la maladie afin de réduire efficacement la durée et l’intensité des symptômes. Dans le cas du Covid19, dans la mesure où les signes cliniques apparaissent tardivement après la mise en contact avec le virus, il semble important de faire une complémentation préventive, et ce jusqu’à ce que la période à risque soit passée.

Pendant le confinement et  toute la durée de la période à risque (sortie progressive du confinement)

20 à 30 mg / jour de zinc sous forme de gluconate de zinc, de préférence en dehors des repas

Dans tous les cas, les doses élevées de zinc ne sont pas préconisées sur de longues périodes.

En dehors de ce contexte particulier, on peut recommander :

      • Prévention : 15-30 mg/jour pendant la phase hivernale (en prenant soin de faire des pauses régulières d’une semaine toutes les 3 semaines environ),
      • Phase aigüe : 30-45 mg / jour dans les 24 h qui suivent les premiers symptômes et jusqu’à guérison complète.

Précautions d’emploi : prévoir 2 heures d’intervalle entre la prise de suppléments de zinc et celle des médicaments suivants : antiacides, antibiotiques de la famille des fluoroquinolones et des tétracyclines.

Pour aller plus loin : Read S., et al. (2019). The Role of Zinc in Antiviral Immunity. Advanced Nutrition (10) : 696-710. American Society for Nutrition.